La disparition
Chaque fois que je te perds, quelles que soient les conditions et les évènements, quelles que soient les façons d'interpréter cette perte, je perds aussi quelques kilos. Juste de quoi faire le poids d'un tout petit enfant, d'un nouveau né. Ces quelques fugitifs se départissent de moi dans un songe, en un soupir, sans prévenir. Au fil du temps je devrai pourtant m'en douter, prévoir cette fuite. Et ce n'est que quelques jours, semaines après, que je constate, démunie, cette disparition. C'est le poids d'un enfant, comme si ensemble nous avions crée quelque chose d'unique, une partie de nous deux, alchimie dont les seuls ingrédients sont toi et moi. Et chaque instant je suis creuse, vide, j'ai dans le ventre comme une impérieuse sensation de faim insatiable, vertiges et faiblesses entrent dans ce même cortège. Anorexique, puis boulimique. De toi... Et j'ère non pas légère mais vide, avec une once d'énergie vitale, dévolue aux moments en société, le reste est comme un trou noir. Je n'ai aucun souvenir de l'instant juste passé, juste automatique.